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Lié à ces projet de l’«Hermes latinus», parait aux éditions Polistampa une collection «Hermetica Mediaevalia» qui en est à son troisième volume (le premier, I testi e i codici di Ermete nel Medioevo, paru en 2001 et

Lié à ces projet de l’«Hermes latinus», parait aux éditions Polistampa une collection «Hermetica Mediaevalia» qui en est à son troisième volume (le premier, I testi e i codici di Ermete nel Medioevo, paru en 2001 et malheureusement épuisé, était une bibliographie des manuscrits hermétiques médiévaux latins – quarante-et-un textes et cinq grands commentaires, par Paolo Lucentini et Vittoria Perrone Compagni). Les deux plus récemment publiés concernent, le premier, l’Asclepius (Ilaria Parri, La via filosofica di Ermete) et, le second, Agrippa (Vittoria Perrone Compagni, Ermetismo e cristianesimo in Agrippa). Ilaria Parri, de manière tout à fait convaincante, contre la majeure partie de l’historiographie dominante et dans la droite des travaux de Jean-Pierre Mahé, soutient que l’Asclepius possède une cohérence rédactionnelle et doctrinale réelle, encore que discrète, qui procède d’une reconsidération de la traditon hermétique antérieure (partagée souvent, on le sait, entre monisme optimiste et dualisme pessimiste) en la redirigeant vers un horizon conceptuel précis. Elle le montre, non pas comme souvent en découpant l’oeuvre en tronçons, mais en repérnat l’architecture et le dessin du chemin spéculatif, scandé notamment par le couple unus/omnia. Elle souligne ainsi l’adéquation de la forme dialogale au sujet traité – l’homme, le monde et Dieu, et leurs rapports –, dont les trois degrés – anthropologie, cosmologie et théologie – requièrent anticipations et reprises dans le déploiement du propos, d’autant que, du point de vue spéculatif, c’est la théologie qui domine et donne à l’ensemble sa cohérence, Dieu garantissant les moments de chemin spirituel d’élévation intérieure par la connaissance. Vittoria Perrone Compagni nous amène à une tout autre étape de l’hermétisme, puisqu’elle donne une édition (abondamment pourvue d’un appareil de notes donnant les sources anciennes ou contemporaines du texte) et une traduction italienne du De triplici ratione cognoscendi Deum de Cornelius Agrippa, texte à peu près contemporain de la première édition du De occulta philosophia. Dans une importante introduction («Ermetismo e cristianesimo nei primi scritti di Cornelio Agrippa», p. 5-68), V. Perrone Compagni montre tout particulièrement comment Agrippa intègre l’anthropologie optimiste de l’hermétisme (illustrée par le célèbre grand miracle de l’homme dans l’Asclepius) dans une perspective nettement christologique où la rédemption par le Christ restaure l’homme dans la plénitude adamique et dans son image divine en sorte qu’il devienne collaborateur de Dieu (ainsi le grand miracle de l’homme est un grand miracle de l’homme chrétien). Hermès n’est plus ici qu’un indicateur sur cette voie de réintégration déifiante par le Christ. Ces deux volumes d’«Hermetica maedievalia» sont importants, utiles et éclairants, laissant présager d’une heureuse suite pour la collection. Je signale encore, d’un auteur que j’ai déjà cité plusierus fois à propos de l’Hermes latinus, P. Lucentini, la pubblication d’un recueil de treize de ses études, primitivement pubbliées de 1977 à 2005: Platonismo, ermetismo, eresia nel Medioevo, comportant des études sur Honorius d’Autun, Nicolas de Cuse et Amalric de Bène, mais sourtout sept études sur l’hermétisme, particulièrememt dans ses formes médiévales. On ne peut  que se féliciter que soient réunies ces études, qui trouveront probablement ainsi un nouveau public.
Data recensione: 01/04/2008
Testata Giornalistica: Bulletin d’Histoire des èsoterismes
Autore: Nariné Karslyan