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Sur le territoire de San Casciano, ce sont plus de quarante sources chaudes, sulfureuses et, pour cer‐ taines d’entre elles, radioactives, qui répandent

Sur le territoire de San Casciano, ce sont plus de quarante sources chaudes, sulfureuses et, pour cer‐ taines d’entre elles, radioactives, qui répandent leurs eaux bienfaisantes ; un grand nombre ont été aména‐ gées depuis bien longtemps. Comme à Chianciano ou à Sarteano, les témoignages de curistes célèbres abondent depuis l’Antiquité. Dans l’ouvrage capital que R. Bianchi Bandinelli consacrait à Chiusi et à son territoire (Clusium, MonAnt, 31, 1925, col. 109,578), ce grand archéologue évoquait la mode des cures thermales à l’époque romaine, mais estimait en revanche que San Casciano n’était pas encore fré‐ quenté au temps de l’indépendance étrusque. Or voici que M. Iozzo publie un remarquable matériel votif, récupéré il y a quelques années dans la source de Doccia della Testa ; les objets, datables avec une précision satisfaisante, s’échelonnent de l’aube du ve riale tardive. Il semble donc que la fréquentation de ces sources a bien commencé dès l’époque « de Porsenna », à laquelle, dans le secteur de Chiusi, il est d’usage de se référer. L’essentiel de ce dépôt est constitué de petits bronzes votifs. L’un des plus intéressants est pro‐ bablement un petit Hercule, sans doute localement lié aux sources curatives et témoin de leur fonction guérisseuse. Un sein en bronze, offrande sans doute destinée à favoriser l’allaitement, permet d’imaginer s. av. J.‐C. jusqu’à l’époque impésur ce site une divinité courotrophe. Il a été dédié par une certaine Euthychè, esclave grecque, affranchie par un maître qui semble ombrien ou picénien. Le dépôt comprend, à une période plus tardive, principalement sous l’Empire, une quantité importante de monnaies qui, comme les autres ex‐voto, semblent avoir été dédiées par immersion. C’est sans surprise enfin que l’on trouve dans ce sanctuaire des eaux curatives des inscriptions rela‐ tives à des guérisons, la plus importante étant la dédicace d’un autel à Esculape et Hygie. Il reste que la, ou les divinités étrusques, qui furent les premières invoquées en ce lieu, demeurent inconnues. Sensiblement moins important que la plupart des dépôts votifs publiés par A. M. Comella, l’ensemble de San Casciano dei Bagni témoigne de l’importance des cultes guérisseurs depuis la fin de l’archaïsme jusqu’aux époques tardives, et la permanence de ces fonctions jusqu’à nos jours plaide en faveur d’une continuité du culte initial, tardivement christianisé.
Data recensione: 01/07/2014
Testata Giornalistica: Revue Archéologique
Autore: Jean‑René Jannot